Retour sur la sortie « Bain de forêt » nocturne dans les Vosges du Nord

publié le 16 septembre 2024

Affûter nos capacités sensitives, telles étaient les objectifs de cette sortie.

« Nous partîmes 5 sans … » chaussures à l’écoute de Manuela notre guide, « … par son prompt renfort nous nous vîmes … » totalement DISPONIBLES, auscultant à chaque seconde … le goût de l’Instant présent, l’exclusive ÉCOUTE de la Forêt, reniflant les ondes des fougères et des troncs, allant de tous nos sens tâter les écorces et les sols, foulant de nos plantes … de pieds terre noire, feuilles et herbes en goguette, mousses, petit bois et cailloux, roche affleurante.

Dans ce grand BAIN offert par cette silencieuse foule végétale, animale, minérale, baignée par les éléments et la lumière qui dérivait discrètement, s’éloignant vers l’ouest sur la pointe des cimes de feuillus et résineux, nous avons tout simplement ÉTÉ LÀ, en PLEINE PRÉSENCE à TOUT notre ENTOURAGE, et en PLEINE PERMÉABILITÉ, IMPRÉGNATION. Et la Forêt a ainsi pu abreuver notre monde intérieur de toute sa QUIÉTUDE. Le SILENCE avait arrêté Le TEMPS. Nous avons glissé par étapes, ponctuées de sobres instructions-invitations, vers la découverte perpétuelle de chaque seconde.

Parfois en formation petit quintet accordé à notre discrète cheffe d’orchestre ; parfois en nous échappant vers l’étape prochaine un à un comme des notes de musique filent doucement l’une après l’autre sur le chemin, notre portée. Cela aura été quatre-vingt dix minutes de Bain pour une entrée en douceur toute progressive dans la nuit, vers l’apaisement total. Une luciole cueillie, posée au creux d’une main, fit pencher nos têtes inclinées, rassemblées en petit cercle vers cette minuscule étincelle de lumière qui s’éteignit doucement. Puis recueil attentif de nos observations, sensations et émotions en petit catalogue, le passage d’une boule d’humus servant de "bâton de parole", de témoin : le remerciement de notre Guide pour l’acceptation de notre immersion en toute confiance, l’idée-annonce de deux participants de venir dormir en petit groupe en forêt, une émotion attachée aux silhouettes des chauve-souris, un tronçon de chemin un peu dur pour nos pieds vers la descente finale, la perception de la Vie là-haut dans les cimes des feuillus et conifères, le souvenir de l’étreinte de chacun avec le tronc de l’arbre qu’il a choisi et le remerciement respectueux qu’il lui a exprimé, la sortie temporaire de l’espace-temps habituel qui a été … comblé par le plein de super-be, la "mise à disposition" de notre animalité primale.

ÊTRE LÀ, juste LÀ, totalement récepteur, sans le moindre soupçon de jugement, PRÉSENT à TOUS CES UNIVERS, autour et en soi, à vivre l’impermanence. Manuela termina la boucle des témoignages en nous suggérant de songer aux remerciements que nous pouvons apporter au monde de la Forêt, à être animé par une juste présence, sans jugement, qui participe à densifier notre présence à notre monde, à renouveler cette expérience multi-sensorielle, à conserver ou retrouver notre capacité d’émerveillement devant la Nature, à avoir de la compassion pour la Terre et les éléments, à apprécier la Beauté autour et en nous.

Gérard