La semaine de randonnée en Haute Savoie

publié le 25 septembre 2019 (modifié le 1er juin 2020)

Publié le 25 septembre 2019

Samedi 7 septembre : décollage immédiat pour la Haute-Savoie, plus précisément le centre de vacances le Chenex à Saint-Paul en Chablais, pour notre séjour annuel de randonnée.
Historiquement, le Chablais est un ancien duché des Etats de Savoie ayant Thonon-les-Bains pour capitale. Bordé par le lac Léman, le massif du Chablais est devenu en mars 2012 le 4ème Géoparc de France. Ce label a été décerné par l’UNESCO pour l’intérêt géologique de ce territoire.
Le Chenex est un établissement chaleureux de style savoyard, à 950 mètres d’altitude, au coeur de riches pâturages. Nous nous y installons avec plaisir et serons gâtés toute la semaine par une cuisine saine et savoureuse et un personnel aux petits soins.
Une salle munie d’un réfrigérateur nous a été affectée pour nos apéritifs et nos parties de cartes acharnées.

Dimanche 8 septembre : hélas, la pluie est au rendez-vous pour cette première sortie. Nous rencontrons nos guides : Sylvain qui accompagnera le groupe des meilleurs marcheurs tout au long du séjour. C’est un passionné de nature et de bonne chère. Tous les jours il nous fera goûter ses préparations culinaires à base de plantes, certaines pour le moins étonnantes mais néanmoins excellentes. Le courant passe immédiatement entre lui et nous. Il faut dire qu’il est très sympathique, très "cool", et comme nous le sommes aussi, cqfd.
Nous faisons également la connaissance de Bertille, jeune stagiaire visant à devenir guide conférencière. Elle aussi possède une solide connaissance du patrimoine naturel et des recettes ancestrales de sa région.
Jean-Luc, quant à lui, ne nous accompagnera qu’aujourd’hui, en attendant l’arrivée de Maxime qui s’occupera du deuxième groupe dès demain.
Mais n’oublions pas qu’il pleut toujours. Sylvain nous propose une balade assez proche, histoire de nous dégourdir les jambes. Il nous emmène à la découverte des Châteaux d’Allinges : le Château-Neuf dont la chapelle romane du XIème siècle abrite une remarquable fresque, et le Château-Vieux. Les murs de ces forteresses voisines et rivales portent les stigmates de leur guerre. Ce lieu servit de résidence à Saint-François de Sales (1567-1622) durant sa mission d’évangélisation de cette province, après qu’elle fut reprise aux protestants genevois et bernois par le duc de Savoie. Il reste un lieu de pèlerinage. Du belvédère des Châteaux, qui s’élève à 717 mètres, on peut admirer le lac Léman, le Jura suisse et français, ainsi que la Dent d’Oche, point culminant du Chablais (2222 mètres). Ce sommet fait déjà envie à certains….. Il ne fait pas chaud du tout. Sylvain nous offre deux tisanes de sa confection qui nous redonnent du tonus pour continuer la promenade. Chemin faisant, il nous montre le Silène enflé, de la famille de l’œillet, qui grâce à son calice en forme de ballon, en retournant ses pétales, ressemble à une ballerine.

Nous reprenons les voitures pour nous rendre au col du Feu où nous pique-niquons. Il fait bien frisquet. Sylvain nous fait goûter sa tarte aux orties et au plantain. Un délice ! La pluie qui s’était arrêtée de tomber, reprend du service et nous cueille en plein repas. Nous nous réfugions sous un abri de fortune. Heureusement l’averse est de courte durée et nous prenons le chemin du Mont Forchat (1539 mètres), classique des balades des Alpes du Léman, avec une vue à 360°. Les plus courageux optent pour la pente la plus raide et caillouteuse côté lac, les autres choisissent un beau chemin de terre qui serpente dans la forêt d’épicéas et de hêtres. Le Mont Forchat revit tous les étés lors du pèlerinage à la statue de Saint-François de Sales, érigée en 1898 par les Lullinois en souvenir de l’abjuration de leurs aïeux au XVIème siècle.

Ainsi s’achève la première journée avec 400 mètres de dénivelée et 9 km.
Les photos du 8 septembre

Lundi 9 septembre : Nous partons en direction de la vallée d’Abondance, célèbre pour ses vaches du même nom. Nous traversons le village de Vacheresse et atteignons les chalets de Bise, situés au coeur d’un cirque splendide, au pied des Cornettes de Bise.. L’ambiance est hivernale en ce tout début de matinée. Il fait froid. La pluie d’hier s’est transformée en neige et a saupoudré tous les sommets. Les sentiers sont boueux, très boueux, et les sols glissants, très glissants. La montée vers le col de Floray est raide, très raide. Nous cheminons de concert avec un grand troupeau de bouquetins que nous n’effrayons pas. Ils se prêtent même au jeu des photos à l’arrivée au col. Nous surplombons le lac de Darbon, au pied du Château d’Oche. L’endroit est très minéral, enclavé entre 3 cols : la Porte d’Oche, le col de Floray et le col de Pavis vers lequel nous nous dirigeons. Un peu plus loin, on change de décor avec une vue impressionnante sur les Alpes vaudoises, le lac Léman et Montreux. La pause déjeuner se fait face au lac, un privilège. Sylvain nous raconte la vie des marmottes. Un individu qui pèse environ 3,5 kg au printemps avoisinera les 9 kg à l’automne. Pendant la période d’hibernation, les battements de son coeur descendront jusqu’à 2 par minute seulement, et sa température corporelle ne dépassera pas les 4°. La marmotte ne se réveillera qu’une fois toutes les 3 semaines, uniquement pour uriner dans une salle de son terrier réservée à cet effet. Etonnant, non ?
Sylvain nous montre également l’Aconit napellus, espèce la plus toxique des aconits et certainement une des plantes les plus toxiques de la flore d’Europe tempérée. L’ingestion d’un simple morceau de la plante peut entrainer un problème cardiaque pouvant aller jusqu’à la mort !

Nous repartons, chassés par le froid malgré le soleil qui brille, et arrivés au col de Bise, on voit cette longue arête qui monte à la Dent du Vélan. Ceux qui sont un peu fatigués par les gros raidillons du matin vont prendre le chemin du retour direct et retrouver les troupeaux de vaches qui paissent tranquillement dans les alpages verdoyants. Les autres s’engagent sur cette belle arête avec une impression de marcher sur un fil entre deux pays, France et Suisse, jusqu’au col d’Ugeon, avant de redescendre au point de départ.
Nous sommes crottés mais contents de cette randonnée de 10 km et 670 mètres pour les uns et 12 kilomètres et 880 mètres pour les autres.
Les photos du 9 septembre

Mardi 10 septembre : nous repartons dans la vallée d’Abondance. Nous traversons le village de Chapelle d’Abondance pour arriver au Plan des Feux, à 1270 mètres. Nous prenons le chemin qui monte en direction des chalets du Folliet et poursuivons le sentier au fond de l’alpage pour monter dans la combe de Chemine. Les cueilleurs de champignons que nous sommes restons bouche bée devant la quantité de sanguins que nous croisons, carrément au bord du chemin. Quel dommage de ne pouvoir les ramasser ! Il faut dire que les hauts-savoyards dédaignent cette catégorie de champignons au profit d’autres plus prestigieuses comme les cèpes. Mais concentrons-nous plutôt sur la montée qui est bien raide, comme partout dans ce coin. Nous faisons de nombreuses haltes pour souffler et admirer aigles, mouflons, vautours, chamois, marmottes. Sylvain installe ses jumelles sur un trépied pour nous permettre de mieux apercevoir tous ces animaux. Arrivés au col, on en prend plein les yeux avec les plus hauts sommets du Chablais. C’est là que nous posons le sac pour le pique-nique. Bertille nous fait goûter son biscuit de Savoie garni de confiture de cinorhodon de sa fabrication, c’est délicieux. Nous descendons ensuite jusqu’au refuge de Trebantaz, étape chablaisienne du GR5, où nous faisons une longue pause café-tarte aux myrtilles. En contrebas, nous croisons un troupeau de yaks, mais oui, ce ne sont pas des vaches !

Nous retrouvons le Plan des Feux en passant par la combe Louennaz et les Ravières, fourbus mais heureux après 750 mètres de dénivelée et …. on ne compte plus les kilomètres….
Les photos du 10 septembre

Mercredi 11 septembre : c’est le jour de relâche qui vient à point pour détendre nos gambettes. Nous décidons de faire du tourisme dans cette belle région. Nous commençons par Evian les Bains, ville d’eaux et de prestige. Nous empruntons un bateau électrique pour nous rendre aux jardins de Pré-Curieux.

Situé en bord de lac, le Pré Curieux comprend une charmante maison de style colonial datant de 1870 qui permet de découvrir au fil des expositions, la fonction, la richesse et la fragilité des zones humides. Au pied de celle-ci s’étend un parc boisé de 3,5 hectares qui s’organise autour de différents écosystèmes liés à l’eau.

Nous filons ensuite vers Yvoire, cité médiévale très fleurie, classée parmi les Plus Beaux Villages de France, datant du début du XIVème siècle, bâtie sur la rive française du lac Léman, entre Genève et Evian, surnommée la "perle du lac".

"C’est un village fortifié, tout au bout de sa pointe et dominant le lac Léman. Il est étroitement serré encore dans son enceinte disparue ; j’entends qu’il n’a point osé en franchir la ligne, à présent fictive, et il est resté embusqué derrière ses deux tours qui défendent ses feux entrées.
On s’enfonce sous leur voûte à ogive et, devant soi, c’est la pente raide des petites rues caillouteuses, c’est un dégringolement ramassé de petites maisons à toits aux grosses tuiles jaunes, c’est enfin, dans le bas, le château commandant le port : un gros cube de pierre avec une terrasse et, sur ses murs guerriers, s’allonge et flotte au vent la pacifique vigne vierge."
Charles-Ferdinand Ramuz, extrait de "Un coin de Savoie" (1909-1942)

Voilà une belle journée de découverte, sous un ciel relativement clément.

Jeudi 12 septembre :

Groupe 1 :
Cette sortie, réputée plus longue et plus difficile, a été intégrée dans le programme l’avant dernier jour afin de permettre aux chauffeurs un peu de répit avant le retour. C’est notre guide qui nous conduit dans son véhicule de 9 places pour un plus long trajet que les jours précédents (environ 1 h) et nous fera découvrir la vallée du Brevon. Cette vallée, située dans le Haut Chablais et empruntée par le Brevon, rivière chablaisienne, qui dérive du nom celtique Brevonna qui signifie le « ruisseau des castors » car Bièvre, « Castor », et du suffixe « onna », qui désigne le cours d’eau. Sur notre route, nous longerons le plus jeune lac du chablais, lac Vallon, qui s’est formé suite à un éboulement de terrain en mars 1943.
Départ du pont de la joue (alt. 1125) par une longue piste qui longe le Brevon que nous quitterons par la suite pour longer le ruisseau de Souvroz.
L’arrivée au Col de Chalune (alt. 1904) permet à ceux qui ont atteint leur objectif de la journée de se poser en attendant les téméraires qui poussent plus en avant jusqu’à la Pointe de Chalune (alt. 2116).
La besace magique de Sylvain nous offre une délicieuse tarte aux herbes des alpages, accompagnée par un excellent vin blanc frais et fruité des cépages de Marin (qui se bonifie au fil des ans, suite à une mauvaise renommée).
Le retour vers le col de Vesinaz (alt. 1807), est ponctué de passages techniques qui laisseront un bon souvenir malgré les angoisses de quelques-unes et la traversée des pâturages de Pététoz réconcilie tous les marcheurs tant le paysage est beau et le sentier confortable. Cabanes fleuries, lac du même nom, forêt digne d’un conte de fée et c’est vers la source du Brevon que nous rejoignons la piste du matin qui nous ramène au point de départ.
Dénivelée et distance : 1100 m et 14 kms pour les uns et 900 m et 12 kms pour les autres.

Groupe 2  : une fois n’est pas coutume, racontons aussi la journée des moyens marcheurs, accompagnés par Maxime.
Nous partons de Pré Richard sous un soleil radieux qui va briller toute la journée. Nous montons en direction du Mont Baron (1566 mètres). Certains prendront le chemin le plus court, forcément plus pentu, plus caillouteux, qui accède au sommet d’où on découvre une vue magnifique, on voit jusqu’au Mont Blanc, les autres feront le tour du mont et attendront au pied, non loin du col des Bœufs (1432 mètres) où des génisses s’amusent à se courser. C’est un spectacle étonnant de voir ces gros animaux gambader dans les prés. Nous montons tous ensemble au Combet par une belle pente raide. Pause déjeuner et sieste pour la plupart, pendant que 2 courageux qui sentent encore de l’énergie sous leurs semelles grimpent jusqu’à la Tête des Fieux à 1772 mètres. Nous redescendons tranquillement et rapidement par la piste de ski pour retrouver nos véhicules et savourer une bonne bière Edelweiss offerte par Claude. Jolie balade de 380 mètres pour les uns et 550 mètres pour les autres.
Les photos du 12 septembre

Vendredi 13 septembre  : nous démarrons la rando par un très beau temps au col de Creusaz, à 1190 mètres. Sylvain nous propose soit une pente raide qui accède à une échelle de 8 mètres fixée sur la paroi rocheuse, soit un chemin plus confortable : le vieux sentier muletier qui permet toujours l’enmontagnée et la démontagnée du bétail pour l’estive. On n’a peur de rien, on prend le chemin le plus difficile pour ressentir un peu d’adrénaline. Sylvain n’avait pas menti, la pente est raide ! Mais tout se passe bien. Nous parvenons ensuite au Pic des Mémises à 1674 mètres, hérissé d’une antenne-relais, belvédère qui mérite que l’on s’y attarde pour la vue qu’il offre.

La traversée se poursuit, et une courte descente conduit à la station supérieure du téléphérique de Thollon-les-Mémises. Baraquements, engins de chantier et dameuses au repos donnent au site une allure de friche industrielle. Nous continuons pour trouver un lieu de pique-nique plus agréable. Ca fait un moment que nous avons la Dent d’Oche en ligne de mire. De ce sommet à la forme caractéristique qui surplombe le lac Léman, on a un panorama magnifique sur le bassin lémanique, le Jura et les Alpes, notamment les Dents du Midi et le massif du Mont Blanc. C’est un itinéraire difficile et aérien mais la récompense est si belle quand on arrive en haut. Aussi, Daniel et David ne se tiennent plus et décident de nous quitter pour en faire l’ascension. Bon courage, les garçons, faites attention à vous et à ce soir !

Quant à nous, nous grimpons à un petit sommet au-dessus pour un pique-nique royal face au lac Léman d’un côté, et la Dent d’Oche de l’autre. Sylvain nous tartine du beurre d’ortie de sa composition sur de petites tranches de pain. C’est absolument fabuleux ! Bertille nous régale d’un cake à la bourrache tout aussi délicieux. Ils sont formidables, ces guides !
Nous revenons à la station supérieure du téléphérique de Thollon-les-Mémises pour emprunter la piste de ski qui redescend en pente très raide vers le bas de la station. La piste est gravillonnée, ça glisse, on se retient, les genoux souffrent. On descend ainsi jusqu’au lieu-dit les Bruyères à 1190 mètres pour prendre le chemin en direction du Bois de la Corne qui nous ramène au parking de Creusaz.
Magnifique rando de 650 mètres et 12 kilomètres pour nous. Pour Daniel et David, ce seront 1500 mètres et 16 km, bravo !
Les photos du 13 septembre

Samedi 14 septembre : et voilà déjà venu le temps de rentrer. Comme chaque année, on se sépare avec regret après une très belle semaine de marche, de bons repas et d’amitié.